C’est un roman sans héros : juste des personnages. C’est un roman sans emphase : juste un récit. C’est le roman des racines, qui n’ont ni la gaie couleur des fleurs, ni la majesté onduleuse des frondaisons, ni l’élancement des fûts puissants… mais qui, dans la forêt obscure et la lointaine histoire de ces Canadiens français, dessinent pour une Maria allégorique une raison de vivre, une raison d’être, une raison de prendre le relais de ceux de sa race, comme dit Hémon, dans leur patiente et endurante marche vers un but auquel, librement, ils se soumettent, comme on se soumet à une évidence que l‘on ne comprend pas très bien, mais évidence quand même car enfantée et nourrie par tant de générations qui, passées et disparues, vivent encore dans ce halo, ce substrat, cette matière noire de l’Homme, invisible et impalpable, sans quoi rien n’existerait, rien ne résisterait aux vents de la vie : nos racines.